Myrek et le Livre des Morts by LittleDarkRaven | World Anvil Manuscripts | World Anvil

Chapitre 13 : En route pour Shater

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La première chose qui atteignit son esprit fût le bruit des vagues venant se rompre sur les rochers. Elles n'étaient pas très vigoureuses mais étaient très régulières. Il sentait le vent sur sa peau allant des terres vers l’eau, mais chose étrange, il ne sentait pas le sol, ni même un quelconque objet sur lequel il aurait pû reposer. Alors qu’il reprenait ses esprits, Aroas se souvint de la bataille contre les réanimés, du plan de Myrek pour qu’ils s’échappent, de la magie qu’il avait utilisée.

Il ouvrit les yeux sur un ciel d’un gris uniforme. Du coin de l'œil, il vit le mage à son côté qui avançait, le bras levé dans sa direction, source d’un lien tendu vers lui. Il le vit réveillé et s’arrêta, le déposant lentement au sol.

“Enfin réveillé ! Tu vas donc pouvoir marcher à présent.”

Aroas remarqua une marque violette en spirale sur la main du mage. Il se releva et se mit à marcher à la suite du mage qui était déjà plusieurs pas plus loin.

D’après ce qu’il pouvait observer autour de lui, ils étaient toujours dans les Landes. Le sol était aussi sableux, la végétation aussi morte qu’à son habitude, mais le flux était plus présent que dans son souvenir. Ils avançaient non loin de la rive de ce qu’Aroas devina être la Mer du Cadet, mais à l’orientation du soleil, ils semblaient se diriger vers le sud.

Il rattrapa en quelques enjambées le mage qui ne semblait pas vouloir l’attendre.

“Pourquoi allons-nous au sud ? Le Grand Duché et ma compagnie sont au nord !”

Myrek ne pris pas la peine de s'arrêter ou de se retourner pour répondre.

“Nous allons à Shater. Je pourrais m’y ravitailler pour la suite de mon voyage et toi tu pourras prendre la première calèche pour Stapsea. De là il y a régulièrement des navires de transport se dirigeant vers Chareaux, et tu pourras ensuite retourner où tu veux en Mérinvieux, rejoindre ta compagnie qui est surement déjà rentrée.”

En regardant vers l’horizon, le jeune soldat vit effectivement une côte qui se dessinait au sud. Le seul pays vers lequel ils pouvaient se diriger était Stepsia. S’étendant sur un bras de terre entre la Mer du Cadet et la Mer de l'Aîné, c’était une des frontières entre le territoire des morts et celui des vivants, et Shater était la grande forteresse gardant cette frontière.

“Est-ce vraiment bien prudent de s’enfoncer plus profond dans les Landes plutôt que de retourner au nord ? Nous étions à à peine plus qu’un jour de marche de la sécurité de la frontière, le village le plus proche à moins de deux plus loin, il doit en rester trois ou quatre jusqu'à Shater ?”

Myrek pointa le doigt vers la gauche. Aroas suivit la direction du regard et remarqua un petit groupe de réanimés. Surprit, celui-ci dégaina son épée et se prépara à combattre. Ils étaient 5 et Myrek ne semblait pas armé, il serait seul à pouvoir les défendre, le flux n’étant certainement pas assez concentré pour permettre à Myrek de l’aider. Il n’arriverait pas à gagner à 5 contre 1. Mais il s'arrêta dans sa réflexion quand il remarqua que les réanimés ne semblaient pas les avoir vu. Ils étaient hagards et titubaient sans but, sans vraiment avancer, comme dans l’attente de quelque chose. Ce n’était pas normal, à la garnison on lui avait appris que les réanimés sentaient les êtres vivants autour d’eux et étaient irrémédiablement attirés, et pourtant il paraissait être invisible pour eux à l’instant présent.

“Tant que tu es avec moi je pourrais nous cacher à leurs yeux, tu n’as donc rien à craindre des dangers des Landes auxquels on t’a habitué. D’autant plus que tu as dormi pendant 2 jours, si nous ne traînons pas nous pourrons arriver demain en fin de journée. Donc garde ton souffle pour avancer, tu risques d’en avoir besoin.”

Le jeune soldat avait tant de questions qui lui tournaient dans la tête, mais il se rendit bien vite à l’évidence, s’il était seul et que la magie de Myrek ne le couvrait pas, il ne retrouverait jamais la civilisation avant d’avoir été rattrapé par les réanimés. Il n’avait d’autre choix que de le suivre. Il lui emboîta donc le pas et réfléchit aux questions qu’il poserait quand ils s'arrêtaient pour faire le camp, ce qui selon la hauteur de soleil à l’horizon, semblait n’être que pour dans quelques heures.

 

Alors qu’ils avançaient en silence, Aroas remarqua une lueur dans le ciel qui semblait s’approcher d’eux à vive allure. Ce n’est que quand elle les atteignit enfin qu’il reconnût la manifestation de Lymel, le fermier dont Myrek avait profané la tombe.

“Ah tiens tu t’es enfin réveillé jeune homme ! Ravi de te voir en pleine forme !”

Aroas fit timidement une salutation de la main ne sachant si le fantôme regardait dans sa direction et la verrait. C’était une expérience étrange de parler avec une boule de lumière.

“Du coup j’ai une mauvaise nouvelle pour toi Myrek, je n’ai toujours pas trouvé ce que tu cherchais, du moins pas à moins de plusieurs jours de marche. La plupart des arbres aux alentours ont depuis longtemps été couchés par le vent ou sont du bois flotté.”

Le mage fit claquer sa langue en signe d’agacement. Il s'arrêta et leva sa main, fixant son regard sur le serpentin violet qui ornait son dos, il semblait réfléchir. Après quelques instants, il regarda vers le soleil et se remit à avancer.

“On va avancer pendant encore environ deux heures, emmène nous à un de ces arbres couchés à cette distance de marche.”

Lymel accepta et ils se remirent en marche s’éloignant progressivement de la rive.

 

Le soleil allait se coucher et le camp était monté. Ou du moins un feu était allumé et une couverture étendue au sol. Myrek fit signe à Aroas de prendre place et celui-ci s’assit sur le tronc face au feu.

“Tu as besoin de repos mais j’imagine que tu débordes de questions. Je t’autorise à en poser une et après repos. On se lèvera tôt demain pour atteindre Shater au plus vite, je prendrai le premier tour de garde.”

Aroas fût pris au dépourvu et réfléchit à ce qu’il voulait savoir. Il voulait savoir pourquoi il avait profané la tombe de Lymel, pourquoi celui-ci était un fantôme, pourquoi il le suivait. Mais sa curiosité sur la magie l’emporta.

“Comment fais-tu pour nous rendre invisibles aux réanimés ? Si ce sort était enseigné nous pourrions faire accompagner chaque compagnie par des mages et réclamer les Landes !”

Un sourire se dessina sur le visage du mage.

“Perdu au milieu d’un des territoires les plus dangereux d’Alloris avec un mage inconnu et un fantôme, après avoir perdu ta compagnie au cours d’une embuscade de morts vivants et ta question c’est que je t’enseigne un sort ? J’admire ton sens des priorités !”

Il mangea un bout de pain avant de poursuivre.

“Tu as dû suivre quelques cours de base sur la magie, je me trompe ? Bien, alors on a dû te dire que certaines personnes utilisent le Flux et les liens s’en s’en rendre compte et sans forcément y réfléchir. Un chasseur traquant ses proies, un bûcheron renforçant son bras, une danseuse allégeant son corps. Certaines utilisations comme celles-ci ont déjà été analysées par le passé et on sait aujourd’hui les reproduire et les expliquer. Mais d’autres restent difficiles à analyser. J’ai entendu parler au cours d’un de mes voyages d’un jeune homme capable d’appeler à l’aide ses ancêtres et d’utiliser les savoirs faires qu’ils avaient appris dans leurs vies. S’il avait un ancêtre forgeron, il savait forger une épée, s’il avait un ancêtre soldat, il savait manier l’épée. Réfléchit à ce que tu sais des liens et de la magie, et tente de m’expliquer comment en tissant des liens tu peux obtenir ce résultat ?”

La réponse d’Aroas fût rapide.

“Je ne sais pas comment ce serait possible entre deux personnes vivantes alors de là à accéder à la mémoire de ses ancêtres derrière la porte des âmes, cela me paraîtrait tout bonnement impossible…”

Myrek acquiesça.

“Exactement, cela paraît impossible, et pourtant ce jeune homme existe. Après avoir entendu parler de son pouvoir je l’ai trouvé et l’ai vu faire. J’ai réfléchi au problème sans en trouver de solution, et lui même est incapable de l’expliquer alors qu’il arrive à l’utiliser. C’est la même chose pour mon pouvoir. Je n’ai pas encore trouvé la solution.”

Le jeune soldat parût déçu.

“Tu en connais les limites quand même ?”

Le mage sourit à nouveau.

“Une seule question j’avais dit. Ne t’inquiète pas, aucun réanimé ne te tombera dessus pendant la nuit. Dort tant que tu le peux !”

Il ne se le fit pas dire deux fois, connaissant la valeur du sommeil en campagne. Tu n’en as jamais assez, donc quand tu peux en avoir, tu le prends. Il s’endormit rapidement.

 

Quand Myrek le réveilla, les premières lueurs du soleil apparaissaient à l’horizon. Il se mit rapidement debout et ne pût s’empêcher de remarquer les traits fatigués du mage.

“Aller debout ! J’ai eu pitié et je ne t’ai pas réveillé cette nuit mais maintenant il est l’heure, Shater nous attend !”

Ils se mirent ainsi en route, retournant vers la rive.

 

La journée passa sans encombre, mais Aroas remarqua qu’il arrivait au mage de trébucher. Celui-ci traînait quelques fois des pieds et il arriva un moment, alors que quelques réanimés étaient en vue, où il aurait parié que ceux-ci le regardait et titubaient dans leur direction. Ce n’était rien de flagrant, mais il avait l’impression que le sort du mage n’était pas parfait.

Il en eut la confirmation quand, après s’être pris les pieds dans un racine, Myrek tomba. Un mort-vivant non loin de là se tourna vers eux et se mis à avancer dans leur direction au rythme d’un réanimé ayant trouvé une proie. Le mage se relevant, la créature sembla les oublier et se remit à tituber sans but. Aroas demanda si tout allait bien et le mage acquiesça, mais il ne pouvait s’empêcher d’en douter. Myrek semblait somnoler tout en avançant.

Mais pourquoi ne pas l’avoir réveillé pour prendre son tour de garde ? Se pourrait-il que le sort permettant de les cacher aux yeux des morts-vivants ne pouvait être actif que si Myrek était réveillé ? Voulait-il trouver des arbres pour pouvoir dormir en hauteur comme il avait fait quand la compagnie l’avait trouvé ?

Il n’eut guère le temps de se poser plus de questions, Myrek tombant à nouveau au sol. Le réanimé se tourna et se remit à avancer vers eux. Le soldat évalua la distance. Il allait les atteindre dans quelques minutes à peine, et s’il était seul il pourrait sans doute s’en défaire, mais s’il les avait vus, cela devait signifier que le sort de Myrek n’était plus actif, et que les réanimés de la région devait être actuellement en route vers eux.

Ils étaient arrivés en vue de Shater, mais le terrain étant plat, cela signifiait toujours quelques heures de marche. Il essaya de réveiller Myrek mais celui-ci ne broncha pas, il était seul. Cependant, il avait vécu pendant plusieurs mois auprès de soldats expérimentés qui lui avaient tout appris. Il s’en sortirait.

Sondant le flux, il jugea qu’il devrait réussir à lancer quelques sorts basiques. Il tenta de soulever le corps du mage et il réussit à le faire léviter de quelques centimètres. Chacun son tour pensa-t-il. Se tournant vers la menace la plus éminente, il reposa le mage et dégaina son épée. Chaque chose en son temps.

S’avançant vers la créature, il prit position. C’était la première fois qu’il allait en combattre une. La première lui avait été présentée ligotée et il n’avait pas pris part au combat lors de l’attaque du camp. Contrôlant sa respiration, il se força à se calmer. Il avait déjà combattu, en entraînement, en tournoi, un combat où sa vie en dépendait ne devait pas être si différent ?

Il fixa son regard dans les yeux de la créature. Leur coloration violette et le fait qu’ils étaient aussi bien conservés que si l’homme était toujours en vie donnaient des airs effrayants et mystiques au réanimé. Alors qu’il était face à lui, il ne pouvait s’empêcher de voir l’humain qu’était autrefois cette créature. Un homme qui avait certainement une famille, une maison, un travail. Qui vivait paisiblement sa vie, de fermier, de marin, de soldat peut être.

Une sueur froide lui descendit le long du dos alors qu’il observait le pas chancelant de la créature, le mouvement erratique de ses bras. Il n’était pas armé, mais à main nues un de ces réanimé pouvait infliger des blessures nécessitant amputations ou causant la mort. Leur force était démesurée par rapport à leurs muscles et il ne devait surtout pas se laisser blesser.

Il porta le premier coup alors que la créature était à quelques pas de lui. Il opta pour un coup d’estoc à la tête, voulant terminer rapidement pour pouvoir fuir cet endroit, mais le chancellement de son adversaire joua en sa défaveur et le coup lui rasa le crâne. Reculant prestement, il parvint à bloquer le bras que la créature avait balancé sur le côté. La repoussant de sa lame, il porta un coup lui aussi de côté visant le cou. Celui-ci toucha et la tête de la créature vola alors que son corps tomba sur le soldat. Il s’en défie prestement et planta sa lame dans la tête s'agitant toujours. Alors que le corps tombait en poussière, il souleva à nouveau Myrek et reprit la route vers la citadelle d’un pas plus pressé.

Lymel, qui avait dû sentir que quelque chose clochait, arriva à ce moment-là.

“Que s’est-il passé ?”

Aroas répondit rapidement pour économiser son souffle.

“Il est tombé et ne s’est pas relevé, il semblait somnoler toute la journée.”

Le jeune mage entendit le fantôme soupirer.

“Je lui avait dit qu'il ne tiendrait pas. Il n’a pas dormi ces trois dernières nuits, il devait rester réveillé pour qu’il puisse vous rendre invisible aux yeux des réanimés. Si on avait trouvé des arbres dans lesquels se percher il aurait pû dormir a-t-il dit, mais en trouver un encore debout ici c’est un vrai calvaire, j’y ai passé mes journées et je peux compter ceux que j’ai trouvé sur les doigts des mains !”

Aroas se félicita d’avoir compris tout ceci seul, mais la situation restait précaire.

“Pourrais-tu aller jusqu’à la ville là bas et essayer de trouver quelqu’un qui te voit et qui pourrait demander à la garde de nous envoyer du renfort ? Si d’autres cadavres nous tombent dessus je n’arriverai pas à les repousser !”

Lymel partit en s’envolant sans répondre et Aroas pressa le pas.

Le chemin à parcourir restait long, et en marche forcée, la fatigue accumulée par les nuits peu reposantes de campagne et les journées entières à marcher lui retombait sur les épaules. De plus, il n'était pas sorti du combat de plus tôt indemne, la créature avait réussi à lui lacérer le bras. La blessure n’étant pas très profonde, il n’avait pas pris le temps de la panser, mais cela drainait assurément son énergie.

Alors qu’il avançait, il remarquait petit à petit des points mouvants à la limite de son champ de vision. Il en arrivait de derrière lui et de sa gauche. Il ne semblait pas y en avoir devant lui fort heureusement, mais les autres se dirigeaient vers lui, il n’avait ni le temps de s'arrêter, ni de ralentir.

Chaque pas était une épreuve. La blessure à son bras, la fatigue du voyage et la contrainte constante du sort soulevant Myrek amoindrissant ses forces. C’était encore un débutant en ce qui concernait les liens, et il n’était pas particulièrement doué non plus. Il ne savait pas jusqu’à quel point il pouvait puiser dans le flux ni jusqu'où il parviendrait à soulever le mage, mais il devait réussir.

Sa vue se brouillais par la sueur qui lui dégoulinait du front, les doigts refermés autour de la poignée de son épée étaient endoloris, les monstres étaient proches et la ville encore loin. Il trébuchait, sentait le regard avide des morts sur son dos, imaginais leurs mains tendues vers lui pour l’attraper et le priver de cette vie qu’il leur manquait. Mais il tenait bon, ralentissant mais avançant toujours.

Sa magie faiblissait, tantôt le pied de Myrek trainait au sol, tantôt sa main. Il se reconcentrait alors, mais immanquablement il perdait sa force. Il ne savait plus à quelle distance il était de la ville, à quelle distance il était des morts, mais il continuait.

Une pierre eut raison de son équilibre les faisant tomber lui et Myrek. Se relevant, il vérifia le niveau de sa coloration. Puiser dans le flux en cet endroit désolé et appauvri de celui-ci avait demandé bien plus de force que normalement et il était à sa limite, s’il continuait il allait disparaître. Alors il se retourna, la lame au poings et se plaça entre Myrek et la vingtaine de monstres qui déferlait sur lui. Tous avaient leurs yeux violets si caractéristiques pointés vers lui, tous tendaient leurs bras, agitaient leurs armes, avançaient dans leur marche silencieuse et mortelle. Certains semblaient plus récents que d’autres, certainement quelques preux aventuriers tombés il y a peu comme tous ceux assez fous pour s’aventurer dans les Landes. Comme eux dans quelques minutes. Braver les Landes n’avait jamais réussi à personne, il n’y avait aucune raison qu’ils y arrivent eux, il n’y avait aucune raison qu’ils échappent à cette règle.

La lame au poing il était prêt, il les attendait. Malgré les efforts, il se tenait droit. Il en emporterait au moins un ou deux, si ce n’était que ça, au moins le nombre de réanimés n’augmenterait pas avec lui. Le premier arriva au contact et d’un violent coup d’épée il le décapita. Sa garde basse après ce coup, il fût trop lent pour parer le coup porté par le suivant sur son bras déjà blessé. D’un revers il fendit le crâne de la créature, et alors qu’elle tombait en poussière, il finit le premier. Il se campa à nouveau sur ses positions prêt à accueillir les suivants, quand d’un coup surgit à ses côtés des cavaliers en pleine charge.

Ils foncèrent dans les réanimés les tuant à la chaîne et bientôt ceux-ci n’eurent plus d’attention que pour eux. Le hurlement des hommes et les cris des chevaux couvraient les halètement d’Aroas peinant à reprendre son souffle. Il tomba à genoux, lâcha son épée et entendit à peine les questions que lui posa une femme arrivée à côté de lui. La regardant, il vit Lymel à ses côtés, et rassuré, il ferma les yeux, Namas Cintas et la porte des âmes ne les auraient pas aujourd’hui.




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