Chapitre 14 : La Croisade du Primogène (9000 - 10000)

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Les préparatifs de la Croisade 

Quelque temps après le congrès d’Azapof, Sandalphon quitte ses responsabilités gouvernementales au sein de la Chapelle, où el organisait les chaînes d’approvisionnement entre les royaumes. El rend visite au Grand Architecte et lui fait part d’un projet qu’el souhaite mener. Le Primogène veut former une grande flotte expéditionnaire pour explorer le vaste royaume de Malkouth, à la recherche de mondes-fertiles perdus lors de la Seconde Brisure. De nombreux élohim y vivent sûrement encore, coupés du reste de leur civilisation. L'existence de ces mondes a été prédite par plusieurs dominations Pythia du Ministère. Après une concertation avec ses conseillers, le Grand Architecte valide le projet de Sandalphon. El demande solennellement aux archanges-roi des dix royaumes de donner une part de leurs ressources à ce projet. 

La flotte expéditionnaire, surnommée “Grande Croisade” obtient le soutien de tous les archanges-roi, qui entament une collaboration inédite. Cette bonne entente est sûrement permise par une très faible activité démoniaque dans l’Abysse, laissant aux élohim du temps et des ressources à consacrer au développement de projets ambitieux. Le projet enthousiasme les élohim aussi car il ressemble à l’une des épopées qui autrefois, menèrent les royaumes vers un âge d’or. 

Sandalphon se dote facilement de vertus pour organiser la logistique de la Croisade. La Milice lui prête aussi volontiers ses forces, Lemnel et les génér’ailes étant soucieux de pourchasser les restes démoniaques qui circulent encore dans l’immensité de Malkouth. Le Ministère envoie ses meilleures dominations pour guider la Croisade en lisant entre les étoiles. Comme lors des croisades du Haut-Tikkun, chérubins, principautés et anges s’engagent en masse, embarquant dans d’immenses vaisseaux-mondes, inspirés de ceux de l’âge d’or. Plus important encore, d’innombrables ophanim sont envoyés auprès de Sandalphon. Leur rôle sera particulièrement crucial pour explorer et surveiller l’infinité de Malkouth, y rétablissant au passage le réseau EL. 

En parallèle de la Croisade du Primogène, les Interracs d’Euthanatos explorent déjà le cosmos de Malkouth depuis plusieurs millénaires. Cependant, leurs méthodes sont aussi secrètes que particulières. La rumeur court qu’els ont d’ores et déjà retrouvé bien des mondes perdus, récupérant leurs technologies en secret, sans les ramener dans la lumière des royaumes, sous l’autorité de l’archange-roi Siriniel. Ce dernier, fâché, demande alors à Sandalphon de retrouver ces mondes, hors de l’influence des Interracs. Sandalphon doit alors faire face à Euthanatos, qui souhaite intégrer ses Interracs à la Croisade. De strictes conditions sont imposées à ces derniers, qui sont sommés de se rappeler de la philosophie de leurs fondateurs : le partage libre de tous les savoirs.

La Milice des Croisés

Le cosmos de Malkouth est dangereux à explorer. D’énormes hordes de démons issues de la Seconde Brisure y rôdent encore, comme dans le reste des Cieux, et dévorent encore des mondes et des amas entiers. La Croisade du Primogène ne peut partir sans protection. Hors les milices célestes sont déjà occupées à protéger les royaumes des cieux. Sandalphon décide alors de fonder sa propre milice : la Milice des Croisés. 

La Milice des Croisés emploie de grandes formations de puissances pour submerger les hordes. Leur nombre et leurs assauts coordonnés créent la surprise chez les démons, conduisant souvent à des victoires rapides. Els utilisent efficacement des tactiques interarmes, intégrant l'infanterie avec un soutien blindé et aérien pour maximiser leur efficacité au combat.

La Milice des Croisés collabore de près avec l’Ecclésia pour diffuser le Grand Dessein aux mondes perdus. Els aident à la conversion des élohim de mondes entiers, en utilisant à la fois la force et la persuasion. Après avoir retrouvé et pacifié un monde, les puissances de la milice y gardent la paix. Els sont des conquérants bienveillants, cherchant souvent à convaincre les populations par des actes bienveillants, offrant protection et stabilité en échange de leur loyauté envers le Grand Dessein et le Grand Architecte. 

Les guerriers de la Milice sont animés par une grande ferveur envers le Grand Dessein et le projet de Sandalphon. Leurs combats commencent et se terminent souvent par des rituels et des cérémonies élaborés. Ces pratiques sont destinées à inspirer leurs troupes et à sanctifier leurs actions au nom du Créateur. La destruction d'icônes hérétiques et l'élévation de symboles célestes par la milice sont courants, renforçant leur message de domination du Grand Dessein et d'éradication des croyances hérétiques qui peuvent surgir dans les mondes perdus.

La Milice des Croisés, guidée par les vertus de Sandalphon, maintient une hiérarchie organisationnelle stricte, avec une chaîne de commandement claire. Cette discipline garantit à ses grandes formations ou chorales d’opérer efficacement au combat. La Milice des Croisés est connue pour sa planification méticuleuse et sa préparation minutieuse avant de lancer une campagne. Cela comprend une reconnaissance approfondie, un soutien logistique et un déploiement stratégique des forces.

Les premiers fruits du long voyage

Au cycle 9000, la Croisade se lance. Bien qu’étant sous l’égide de Sandalphon, ce sont des millions de flottes expéditionnaires indépendantes qui partent explorer le cosmos. Elles sont dirigées par des millions d’élohim issus de tous les chœurs. Tous sont ont été choisis pour leur loyauté envers le Primogène. Une grande partie d’entre eux reçoivent la bénédiction de l’archangélat, pour les aider à diriger leurs troupes. Les flottes sont parfois spécialisées dans un domaine de l’exploration, bien que Sandalphon ait fait en sorte que toutes les flottes contiennent tous les génies nécessaires à la mission première : retrouver, rétablir, réintégrer les mondes. Exemple de ces flottes spécialisées : les ophanim prennent les devant avec les séraphins pour réinstaller des réseaux cristallins. Le réseau EL rétablit une communication et un lien crucial entre toutes les flottes et le reste des cieux. Les flottes n’ont pas le droit de sortir du réseau, et donc de couper contact avec Sandalphon. Il ne s’agit pas de perdre encore plus d’élohim dans les méandres de Malkouth. 

Lors de leurs voyages parfaitement coordonnés, les vertus récoltent toutes les données qu’elles peuvent et les envoient à Sandalphon. Grand logiciel vivant, le Primogène coordonne tout, analyse et prends les décisions pour mener les flottes. Le commandement, bien qu’éparpillé dans l’immensité de Malkouth, est donc fermement tenu par Sandalphon. Ce dernier voyage aussi, refusant de rester à Éden. En s’exposant, el ravive l'admiration de ses flottes et leur loyauté. 

La Croisade du Primogène porte rapidement ses fruits. Exterminant de grands nuages de ténèbres, les flottes retrouvent cachées dans leurs entrailles des millions de mondes-fertiles, mais aussi des mondes-nids, jusqu’alors perdus dans les ténèbres. Sur une partie de ces mondes, les élohim ont survécu et sont emplis de joie en voyant les leurs venir les secourir. Certains de ces mondes ne réalisent que maintenant que la guerre est finie. Els vivaient souvent dans la précarité, utilisant tant bien que mal les technologies qui leur restaient pour survivre, coupés de tout. Malheureusement, les flottes de la croisade trouvent aussi des mondes dévastés, où reposent les dépouilles de milliards d’élohim. L’étincelle de vie subsiste cependant, et les anges et principautés réinvestissent ces mondes pour refaire prospérer les âmes d’EL. Les Interracs eux, retrouvent de nombreuses technologies de l’âge d’or et, comme Sandalphon l’a fermement ordonné, les partagent avec les dix royaumes en toute transparence. 

Les dix défis de la Croisade

Les mondes rebelles

Pas touche à mon empire

La plupart des élohim des mondes perdus réintègrent avec joie le royaume de Malkouth et acceptent son autorité sans broncher. Cependant, il existe de nombreuses exceptions. Certains élohim des mondes perdus voient avec méfiance l’arrivée des flottes exploratoires. Les souverains de ces mondes perdus, qu’els soient prospères ou précaires, se méfient de l’ingérence de l’autorité de Malkouth. Ces élohim veulent protéger leurs œuvres sur des mondes qu’els considèrent comme fondamentalement leurs. Or de nombreuses fois, els observent que les anges et les principautés des flottes intervenir, voire de voler ces mondes pour s’approprier la gloire associée à la culture des âmes. Les command’ailes des expéditions usent de leurs pouvoirs d’archanges pour tenter de subjuguer, avec plus ou moins de succès, les élohim des mondes retrouvés. Les ambitions s’entrechoquent. Et ainsi, malgré les promesses rassurantes offertes, de nombreux mondes perdus chassent les flottes expéditionnaires et refusent de se soumettre à Siriniel ou Sandalphon. 

En réponse à ces défis, Sandalphon intervient plus ou moins directement pour raisonner les élohim rebelles. Le Primogène impose à ses flottes une philosophie bienveillante, ouverte, constructive et adaptable. El interdit aux puissances de la Milice d’imposer l’autorité de Malkouth par la force, retenant les soldats d’appliquer leurs traditions martiales. El repousse aussi les velléités de l’Ecclésia, qui perçoit la réticence des mondes perdus comme une grave hérésie. De même, el refuse aux dominations et aux chérubins de s’infiltrer dans les organisations des mondes perdus pour les conquérir de l’intérieur. Et surtout, Sandalphon interdit aux anges et aux principautés de ses flottes de convoiter et voler la gouvernance des mondes.

Contournant les conflits, des négociations sont menées entre les flottes et les mondes réticents. Sandalphon ne souhaite leur imposer qu’une chose : la bonne culture des âmes d’EL. El promet aux mondes retrouvés leur souveraineté et indépendance, les laissant user des méthodes qu’els souhaitent pour faire leurs cultures. Lorsque les locaux le permettent, les expéditionnaires peuvent observer et conseiller, mais jamais usurper les dirigeants locaux. 

La magnanimité de Sandalphon permet de résoudre la majorité des conflits entre les expéditionnaires et les élohim autochtones. Cependant, des cas particuliers sortent du lot, plantant des épines douloureuses dans les flancs de la Croisade et du Primogène. 

Les secrets technologiques

Les Interracs s’engagent dans la Croisade, implantant des membres de leur chorale dans toutes les flottes expéditionnaires. Lors des prises de contact et des négociations avec les mondes retrouvés, les Interracs tentent de convaincre les autochtones de partager les technologies antiques qu’els utilisent dans leurs travaux, ou celles cachées dans les profondeurs de leurs cités, laboratoires ou avant-postes. Dans la grande majorité des mondes, les Interracs obtiennent l’autorisation, engageant même dans leurs rangs des chérubins des mondes retrouvés. 

Cependant, les mondes réticents s’opposent à l’ingérence des Interracs. L’accès aux technologies, utilisées ou non par les autochtones, leur est parfois refusé. Les dirigeants des mondes retrouvés ont peur d’être chassés et remplacés si els dévoilent leurs secrets technologiques et leurs méthodes de travail. Els craignent que leur précieux monde soit exploité par une industrie vertigineuse et destructrice voulue par les expéditionnaires. Souvent, ces élohim refusent d’intégrer les ophanim parmi eux, accusés d’être des espions, et repoussent le réseau EL.

Les tensions montent entre les flottes et ces mondes retrouvés qui craignent le pouvoir des colons. Des conflits se profilent malgré les négociations. Là encore, Sandalphon intervient et fait respecter ses préceptes de tolérance. Bravant l’ire des Interracs, le Primogène permet aux mondes retrouvés de conserver leurs secrets. El brandit les conseils du Ministère, qui prédisent que les relations entre Malkouth et les mondes retrouvés s’apaiseront au fil du temps, abandonnant la méfiance grâce aux échanges, aux communications rétablies, au commerce porté par le réseau EL. L’accès à ce réseau est toujours proposé, mais jamais imposé. 

En reculant des mondes réticents, en les laissant tranquilles, Sandalphon provoque des frustrations parmi les flottes expéditionnaires, notamment chez les Interracs, pour qui la quête du savoir est sacrée. Peu importe la méthode utilisée, l’information doit être récupérée et stockée à la Chokmah, où les chérubins les utiliseront pour rebâtir l’âge d’or. Ainsi, certains Interracs choisissent de désobéir à Sandalphon et de trahir les accords formés avec les mondes retrouvés. Formant des chorales secrètes, els s’infiltrent parmi les élohim autochtones et lors d’opérations plus ou moins longues, els volent leurs secrets technologiques. Dans quelques cas, les Interracs espions retrouvent des technologies très précieuses, des machines antiques ou des artefacts puissants. 

Malgré leurs efforts d’infiltration et de discrétion, il arrive que les mondes retrouvés découvrent les machinations des Interracs. Els se retournent alors contre Sandalphon et les flottes expéditionnaires, allant jusqu’à les attaquer. Voyant ces incidents se multiplier, Sandalphon menace directement Euthanatos de chasser tous les Interracs des flottes expéditionnaires. Face au silence désintéressé de ce dernier, Sandalphon confine les Interracs dans les vaisseaux, leur interdisant de poser les pieds sur les mondes retrouvés. Toute contrevenance est punie d’un bannissement définitif. De son coté, Euthanatos forme alors ses propres expéditions, allant de monde en monde pour poursuivre sa quête de savoirs sans se soucier de l’éthique, ni des accords formés entre Sandalphon et ces mondes. Le Grand Architecte, sollicité sur le sujet, annonce ne pouvoir interdire les machinations d’Euthanatos, dont les travaux sont trop précieux.  

Les cultes hérétiques

Sandalphon fait preuve d’une grande tolérance envers les mondes retrouvés, les favorisant dans les négociations de réintégration, souvent aux dépens de ses propres flottes expéditionnaires. Ces dernières lui restent cependant loyales, contraintes par un code d’éthique auquel elles ne peuvent déroger, sous peine d’un bannissement définitif du royaume de Malkouth tout entier. Au-delà des Interracs, toute expédition non soumise à l'autorité du Primogène est formellement interdite par toutes les autorités des cieux. 

Dès le début de la Croisade, les dominations de la Pythia préviennent Sandalphon que les élohim de ces mondes retrouvés seront parfois réticents à la prise de contact, motivés par des idéologies et des croyances hérétiques. Les séraphins de l'Ecclésia veulent donc immédiatement participer pour remettre ces élohim dans la lumière d'EL. Mais Sandalphon est réticent. El n'apprécie pas les méthodes utilisées par l'Ecclésia pour rééduquer les pénitents, qui consistent à leur laver le cerveau. Le Primogène considère que le dialogue raisonnable suffira pour faire revenir les élohim perdus dans la société élohienne. Courroucé, Métatron avertit Sandalphon des conflits qui l'attendent. Le Primogène ne cède pas, et n'accepte la présence de l'Ecclésia à l'intérieur de ses vaisseaux uniquement pour prêcher auprès des élohim expéditionnaires, pour maintenir leur foi et leur motivation durant le long voyage. 

L'avertissement du Métatron s'avère cependant fondé, puisque Sandalphon et ses flottes expéditionnaires rencontrent des centaines de mondes-fertiles non seulement hostiles à leur ingérence, mais aussi avides de pratiques hérétiques, refusant de les abandonner. Parmi ces pratiques, on retrouve souvent la vénération d’un éloha souverain, qui se prétend être l’équivalent d’EL ou d’un primordieu pour diriger son peuple. Les expéditionnaires trouvent aussi des cultes azohiens, traitant les azohim comme des êtres supérieurs à qui il faut obéir. Dans certains cas, des mondes perdus ont oublié l’existence d’EL et refusent d’y croire lorsque la vérité leur est dévoilée par les expéditionnaires. Certains ont commis des actes incroyables cependant. Leur culture des âmes a changé d’objectif. Alors que le Grand Dessein veut que les âmes soient réunies avec EL au sommet de Kether, certains mondes perdus ont stocké les âmes dans leurs Sanctuaires des millénaires durant, jusqu’à ce que des entités semi-conscientes soient formées par cette accumulation. Ces élohim se mettent alors à vénérer cette entité, qu’els pensent être un équivalent d’EL. Souvent, des oracles séraphins ou dominations se présentent alors comme les messies et prophètes de ces entités, prétendant connaitre et appliquer leurs volontés pour régner sur les élohim.

Face à cette grande diversité d’hérésies, la raison et le dialogue de Sandalphon ne suffit plus. Le Primogène se résout à faire intervenir l'Ecclésia, qui se met au travail et déploie toutes ses forces. Elle envoie tout d’abord des séraphins du Predicorum et du Debo Caritat pour remettre les élohim sur le chemin de la vérité d’EL. Souvent, cela fonctionne. Cependant, si les élohim autochtones persistent dans leur hérésie, les forces armées du Hereticat interviennent et éliminent les élohim les plus hérétiques, souvent ceux qui mènent ces cultes impies. Dans ces cas-là, et dans ces cas-là seulement, Sandalphon permet l’usage de la violence, vue comme une justice divine. Les âmes des hérétiques exécutés sont collectées et envoyées au Berceau. Ainsi, els auront une seconde chance de se soumettre à EL lors de leur résurrection. Jusqu’au bout, Sandalphon et l'Ecclésia savent se montrer magnanime. 

Les mondes à reconstruire

La seconde ruée vers les âmes

Dans environ soixante-dix pourcent des cas, les flottes expéditionnaires retrouvent des mondes fertiles ou des mondes nids abandonnés. Els portent souvent encore les ruines des civilisations élohiennes qui les gardaient avant la Seconde Brisure. Mais ces mondes n’ont pas été totalement vaincus. Car souvent, la vie a persévéré sur eux, plus ou moins enfouie, mais bien présente. L’espoir s’étend alors en d’innombrables opportunités. Ainsi, les anges et les principautés des flottes expéditionnaires réinvestissent ces mondes pour les rebâtir et de nouveau, cultiver les âmes d’EL.

Contrairement à la première ruée vers les âmes, celle du Haut-Tikkun, la seconde ruée est strictement encadrée par le code éthique de Sandalphon et surtout, par la Guilde des Architectes. Le Grand Architecte mandate des anges et des principautés, et même des archanges, pour juger les projets des colons et accorder la souveraineté des mondes fertiles retrouvés aux élohim présentant le meilleur projet de culture des âmes. 

Les arbitrages de la Guilde des Architecte ne suffisent cependant pas à éviter les conflits autour des mondes fertiles à conquérir. Les élohim de la première hiérarchie, au sein de chorales rivales, s’affrontent avant même de déposer leurs plans pour jugement auprès de la Guilde. Au sein des flottes expéditionnaires, ou même entre flottes, les anges et les principautés élaborent leurs propositions tout en essayant de saboter celles de leurs rivaux. Toutes les perfidies sont alors commises : sabotage des outils, corruption, espionnage, doubles jeux. Au-delà même de ces comportements, des combats éclatent dans les vaisseaux mondes, causant des manifestations, des bagarres et des crimes aux issues tragiques. Là encore, Sandalphon doit intervenir pour imposer son code éthique et contrôler les velléités sauvages des élohim. Le bannissement définitif de Malkouth est la sentence la plus souvent appliquée aux élohim déviants qui instiguent ces conflits. 

Les ruines effroyables

Tous les mondes retrouvés par les flottes expéditionnaires ne sont pas des paradis perdus. Souvent, les élohim de la Croisade découvrent des mondes certes fertiles, mais profondément dévastés. Sous la nature renaissance, les ruines des civilisations élohiennes sont difficiles à regarder. Des cités entières gisent détruites de la plus brutale de manières, mais surtout, des milliards de dépouilles d’élohim, azohim et enfants maculent la surface de ces mondes. Les atrocités commises par les démons restent alors figées là, dans le temps et l’espace. Les élohim, souvent sensibles, sont dévastés à la vue de ces horreurs. 

Réhabiliter ces mondes dévastés n’est pas une partie de plaisir, et bien souvent, les candidats ne se bousculent pas pour reprendre la culture de ces mondes. Les élohim qui en héritent doivent reconstruire sur ces ruines atroces et donner des sépultures décentes à des milliards de cadavres, accomplissant sur eux les rituels funéraires imposés par la tradition. Peu d’élohim parviennent à supporter ce travail. Ainsi, la plupart des mondes dévastés sont repris par des élohim à l’esprit solide et insensible : souvent des puissances, ainsi que certaines vertus, dominations, séraphins. Les Interracs se proposent aussi pour gérer ces mondes martyrs, mais Sandalphon s’y oppose souvent, ne laissant que quelques chérubins récupérer les secrets technologiques de ses mondes sans pouvoir s’y installer dans la durée. 

Les mondes maudits

Dans les mondes “paradis perdu” comme dans ceux atrocement dévastés, des incidents étranges surviennent parfois. Les explorateurs envoyés par les flottes expéditionnaires tombent sur des anomalies. Souvent, il s’agit d’anomalies spatio-temporelles, similaires à celles qui ont touché le royaume de Tiphéreth avant la venue des ophanim. L’espace-temps dans ces endroit est abîmé. Le tissus de la Création a été déchiré sous l’assaut des démons, qui voulaient tout détruire. Ainsi, des chorales entières disparaissent brusquement sans jamais être retrouvés, avalés par le néant. D’autres, un peu plus chanceuses, ne sont que téléportées d’un endroit à un autre. Dans tous les cas, ces anomalies perturbent gravement la Croisade. Les ophanim sont heureusement présents pour réparer ces problèmes. 

Cependant, les anomalies spatio-temporelles ne sont pas les seules à survenir sur les mondes retrouvés. Il arrive que des chorales qui s’installent sur ces mondes soient très perturbées, voire chassées par des phénomènes inexpliqués. Ainsi, voici quelques exemples parmi des milliers reportés par les flottes expéditionnaires à Sandalphon. Chaque exemple décrit représente une catégorie de ces anomalies, qualifiant les mondes affligés de “maudits” :

  • Ombres terrifiantes : sur Néréia, planète océanique, des ombres sous-marines terrorisent les élohim venus s’y installer. Les ophanim ne captent pourtant rien sous la surface, ni créatures, ni démons, ni élohim cachés
  • Perturbations psychotiques : sur Terris, planète tellurique à la faune classique, des voix étranges envahissent les esprits des élohim, qui finissent par partir car rien ne semble pouvoir les faire taire. 
  • Perturbations psychotiques et de l'inhibition : sur Slanish, planète gazeuse à la faune classique, les élohim installés perdent peu à peu toutes leurs inhibitions. Incapables de travailler, els ne font que danser, chanter et faire la fête. Après un certain temps, els adoptent des comportements déviants inacceptables. Les élohim finissent par être évacués de force. 
  • Perturbations psychotiques élocidaires : sur Korna, planète tellurique classique, des voix similaires harcèlent les élohim et les plongent dans la folie. Ceux qui ne fuient pas à temps perdent contrôle de leurs esprits et se mettent à s’entretuer. 
  • Disparitions inexpliquées : sur Roanoke, grand monde tellurique, tous les élohim récemment installés disparaissent du jour au lendemain. Les ophanim pensent trouver là une déchirure de l’espace-temps. Après analyse, els découvrent que ce dernier est pourtant intact et parfaitement normal. La disparition subite reste inexpliquée
  • Faune hostile : sur Jumanie, planète tellurique, les créatures d’EL sont si sauvages qu’elles attaquent les élohim qui les cultivent. Ces créatures sont si redoutables qu’il est impossible de les approcher pour pouvoir les modifier. Ce comportement et ces caractéristiques sont tout à fait anormal pour des créatures issues d’une culture élohienne. 
  • Environnement toxique : sur Nurgale, planète gazeuse à la faune classique, les élohim tombent gravement malades sans cause identifiée. Certains décèdent. Els doivent être évacués.
  • Mondes labyrinthiques : sur Tzeek, planète tellurique à la faune classique, les élohim  (même les ophanim) sont incapables de se repérer et de s’orienter. Ces mondes, d’apparence normale, plongent les élohim dans des dédales et des paysages impraticables. Les élohim qui ont la chance de ne pas s'être définitivement perdus doivent être évacués.

Ces mondes et les malédictions qui les affublent sont très vite placés en quarantaine par Sandalphon, qui interdit à ses flottes expéditionnaires de s’y rendre. Cependant, le Primogène garde son attention sur ces mondes. N’acceptant pas l’inexplicable, Sandalphon fonde une chorale spéciale : Anti-Maléficat, pour enquêter sur ces mondes maudits. El recrute des élohim de tous les horizons et de tous les chœurs, aux esprits sceptiques, analytiques et courageux. De nombreux ophanim de la Vigie prennent part. Des séraphins de l’Inquisition se portent volontaires, ainsi que de nombreux génies de la thaumaturgie et de la démonologie. Patiemment et méthodiquement, ces experts étudient les mondes maudits, tentant de comprendre les mécanismes thaumaturgiques derrière leurs anomalies. Leur but ultime est de lever ces malédictions pour permettre aux élohim d’élever les âmes orphelines de ces mondes. Aucune âme ne peut être abandonnée dans le Grand Dessein. 

Les mondes damnés

Les hordes retrouvées

Après les premiers siècles de la Croisade, les flottes expéditionnaires de Sandalphon rencontrent de nouveaux défis bien plus dangereux que les précédents. En explorant les confins du cosmos de Malkouth, els rencontrent les restes des hordes abominables de la Seconde Brisure. Par miracle, aucun vaisseau-monde, ni monde-fertile, ne succombe à leurs rencontres avec les hordes. Ce miracle est directement attribué à Sandalphon, qui grâce à ses mesures préventives, parvient à évacuer à temps les élohim menacés. Les vaisseaux-mondes et les gardiens des mondes fertiles doivent alors fuir et laisser les forces de la Milice des Croisés affronter les hordes. Les ophanim guident les assauts des élohim. Les génér’ailes envoyés sur place constatent cependant une anomalie dans le comportement des hordes. Ces dernières sont statiques et n'avancent pas pour déferler sur les mondes fertiles. Elles semblent généralement campées sur leurs positions, dans une position purement défensive. Elles empêchent les élohim de pénétrer dans certaines régions du cosmos.

Ce comportement alerte grandement les archanges-rois, jusqu’au Grand Architecte el-même. Les souverains tentent de garder secret l’existence de ces hordes au peupl’aile, pour éviter d'inquiéter leurs sujets. Après l’intervention de la Milice des Croisés, une nouvelle chorale spéciale : Occulta, principalement composée d’ophanim, est formée pour investiguer sur la nature de ces hordes “malignes”, et découvrir ce qui se cache dans les régions qu’elles gardent. Des ophanim hyper-furtifs s’infiltrent dans les territoires des hordes pour récolter un maximum de données, mettant à jour les plans de ces régions cachées. Leur quête est particulièrement dangereuse et courageuse, car les démons sont sensibles aux perturbations de l’espace-temps et peuvent repérer ces ophanim, que les élohim els-mêmes ne peuvent voir. Ainsi, au sein d’Occulta, les plus grands génies ophaniens et chérubins travaillent d’arrache-pied pour paramétrer leurs ophanim à la perfection et dépasser les murailles de ténèbres dressés par les hordes. 

Alors que le Grand Architecte presse Sandalphon pour assaillir les hordes et découvrir ce qu’elles cachent, le Primogène impose la patience. Des chérubins scientifiques, aidés par les données des ophanim, tentent d’étudier les hordes malignes plus longuement. Métatron, à Kether, refoule à contrecœur les instincts horrifiés qui poussent les séraphins à vouloir annihiler ces hordes malignes par le feu sacré. Mais après des siècles d’études infructueuses, le Grand Architecte envoie el-même un large contingent de la Milice de Guebourah pour percer les défenses d’une de ces hordes malignes, qui encercle totalement une galaxie appelée Secreta Septis. Après avoir tenté d’empêcher l’assaut jusqu’au dernier moment, Sandalphon se joint finalement au combat pour préserver sa Croisade et prouver sa loyauté au dernier primordieu. 

Les abominables pseudo-gardiens

Les hordes malignes de Secreta Septis sont massacrées par des élohim emplis de rage. Mais une fois leurs ténèbres dissipés, les élohim se trouvent de nouveau face à des démons. Des abominations massives, aux particularités physiques inédites, gardent les mondes-fertiles de la galaxie, empêchant violemment les élohim de s’en approcher. 

Les élohim sont choqués de découvrir une telle anomalie. Les démons, dont l’objectif a toujours été de dévorer les âmes d’EL, semblent maintenant vouloir les protéger. Les élohim refusent d’employer ce terme évidemment, et concluent alors que les démons ont atteint un niveau de malin inédit. Ils ont déployé d’abominables “pseudo-gardiens”, qui empêchent les élohim d’accéder à ces mondes, narguant et insultant ainsi EL en gardant prisonnières ses âmes. 

La furie des élohim se déchaine alors sur ces abominations étranges avant même que la chorale d’investigation spéciale ne puisse étudier et comprendre le phénomène. Sandalphon précipite la chorale vers ces mondes pour récolter un maximum de données. Cependant, la Milice Céleste, sur les ordres du Grand Architecte, prends les devants. Elle envoie ses plus grands champions détruire les abominations dans des duels d'anthologie, démontrant ainsi la suprématie d’EL. 

L’euphorie de la victoire ne dure pas. Sur les mondes-fertiles libérés, les élohim découvrent des anomalies, similaires à celles découvertes sur certains mondes quelques siècles plus tôt. Le lien logique qui pourrait unir ces deux défis, ces deux types d’anomalies, de malédictions, est confirmé par les investigateurs. Les mondes-fertiles libérés des ténèbres sont tous maudits. La frustration redouble chez les élohim, y compris parmi les flottes expéditionnaires. 

Excédé par la frénésie des forces de la Milice et de l'Ecclésia, Sandalphon envoie secrètement ses flottes expéditionnaires dans l’amas stellaire d’Iquis, où elles trouvent des hordes malignes et des pseudo-gardiens. El amène avec el tous les membres d’Anti-Maléfica, des puissances de la Milice des Croisés et de nombreux ophanim d’Occulta. En partant avec tant de monde, le voyage de Sandalphon ne reste pas secret longtemps. Le Grand Architecte, offensé par l’initiative du Primogène, le convoque à Tiphéreth. Mais Sandalphon ne vient pas. Le dernier primordieu envoie donc une flotte milicienne à sa poursuite. L'Ecclésia lance son Héréticat à sa poursuite, persuadé qu'une corruption démoniaque pousse le Primogène à vouloir protéger les ténèbres. Mais trop tard, Sandalphon disparaît dans l’amas et reste introuvable, même après la dissipation des ténèbres par la Milice Céleste. 

Le dernier défi

Les flottes expéditionnaires, ainsi que les forces de la Milice sous les ordres du Grand Architecte et de l'Ecclésia sous ceux de Métatron, cherchent longtemps Sandalphon dans l’amas d’Iquis. Les ophanim de Justiclair se lancent aussi à sa poursuite. Els finissent par trouver les vaisseaux qui l’accompagnaient, intacts mais vides. Cette flotte abandonnée orbite autour d’un monde mort, une planète tellurique stérile et à première vue banale. Mais en l’étudiant, les élohim découvrent un temple heptagonal sur cette planète. Il s’agit d’un temple créé lors du Haut-Tikkun, dédié aux perpétu’ailes, fils des primordieux et de l’azoha Éden, anciens souverains de Malkouth. La stupéfaction des élohim grandit encore lorsqu’els voient les perpétu’ailes apparaitre devant els. Les explorateurs ressentent alors autant de joie que de merveille face à ces Fitz si spéciaux, qu’on pensait morts durant la Seconde Brisure. 

Les perpétu’ailes répondent peu à la joie des élohim qui les ont trouvés. Bien là, els semblent pourtant absents mentalement, physiquement. Els affichent une attitude détachée, voire confuse. Les ophanim présents voient alors que les perpétu’ailes sont emmêlés dans l’espace-temps de Malkouth, incapables d’émerger totalement dans la réalité. Els apparaissent et disparaissent brusquement, sans logique. Cependant, les perpétu’ailes parviennent tout de même à indiquer où se trouve Sandalphon. Le Primogène est retrouvé inconscient, son halo brillant à peine. El est très vite évacué et mené à Éden, capitale de Malkouth. Des millénaires durant, les vertus essayeront de sortir leur Primogène du coma, en vain. Son corps et son esprit sont gravement blessés. Sandalphon est donc placé dans un œuf régénératif, dans l’espoir qu’il se rétablisse un jour. 

À Éden, l’archange-roi Siriniel est extatique à l’idée d’avoir retrouvé les perpétu’ailes. Ces derniers, après des millénaires d’absence, se remettent à apparaitre auprès des mondes-fertiles pour accompagner les élohim dans le Grand Dessein. Els restent cependant distants et inconstants, toujours emmêlés dans l’espace-temps malgré les travaux des ophanim qui tentent de les en libérer. Sandalphon, jusqu’alors connu en tant que primordieu honorifique, père des superbes vertus, ajoute à son palmarès inégalé celui de Thaumaturge de Malkouth. El semble avoir en effet retrouvé et réveillé les perpétu’ailes, accordant à Malkouth une grande bénédiction. Au prix de sa vie, el a accompli cet ultime défi. 

Alors que Sandalphon reste endormi, la Croisade qu’el a lancé continue. Les vertus du Primogène font de leur mieux pour garder le commandement suprême des flottes expéditionnaires, continuant leurs efforts de centralisation et de coordination. Cependant, la Croisade finira par se dissoudre, à l’arrivée d’une menace que les élohim pensaient derrière eux.

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